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L’évangélisation au sein du couple, par Yves et Marie-Madeleine de Brunhoff (9 mars 2022)

Pour faire suite aux bases de l’évangélisation présentées par le père de Chaillé le 27 janvier, nous vous donnons rendez-vous le mardi 9 mars, de 20h à 21h30, pour écouter le témoignage d’Yves et Marie-Madeleine de Brunhoff sur le sens de l’évangélisation au sein du couple et échanger avec eux.

Cette conférence aura lieu à distance et pourra être suivie depuis la chaîne Youtube des Jeunes Pros où la vidéo restera disponible ensuite (profitez-en pour vous y abonner !)

Pour le replay de la conférence, c’est ici !!

Nous avons accueilli Yves de Brunhoff, diacre à la paroisse Saint Jean-Baptiste de Grenelle, et son épouse Marie-Madeleine, pour la deuxième conférence orientée sur l’évangélisation au sein du couple.

1 – Présentation d’Yves et Marie-Madeleine de Brunhoff

Mariés depuis quarante ans, Yves et Marie-Madeleine de Brunhoff sont parents de quatre enfants, dont un fils est prêtre, et ont huit petits-enfants. Ils font également partie de la communauté de l’Emmanuel depuis plus de quarante ans.

Yves de Brunhoff est diacre permanent depuis trente ans.

2 – Propos introductif

Le mariage chrétien est une très bonne nouvelle pour l’humanité tout entière comme le sont l’ordination sacerdotale ou la consécration dans la vie religieuse. S’il est bien vécu, il est porteur du rayonnement de l’Évangile à travers le monde.

Dans le rituel actuel du mariage a été introduite la question posée par le célébrant : « Etes-vous disposés à assumer ensemble votre mission de chrétien dans le monde et dans l’Eglise ? » ; les époux répondent oui.

Pour tout baptisé, notre baptême et notre confirmation portent tous les germes pour déployer la grâce de l’annonce apostolique.

Il est déjà difficile de se bouger soi-même pour vouloir parler de Jésus effectivement dans la vie courante ; cela peut être aussi le cas pour le faire en couple.

Très vite, le couple comprend l’importance d’un apprentissage de la vie conjugale chrétienne qui va notamment permettre une fécondité missionnaire : on apprend à communiquer, à se comprendre, à accepter la différence. On apprend sans cesse à préciser les projets et les désirs à clarifier les malentendus, à se pardonner, à construire une maison durable où l’amour du Christ est vraiment le fondement, le ciment et le but.

Cette vie conjugale chrétienne est une école, un chemin exigeant, un chemin de sainteté auquel est appelé le couple chrétien.

Dans la tradition chrétienne existent de nombreux exemples de couples merveilleusement chrétiens, canonisés par l’Eglise dans les vertus de leur mariage.

A titre d’exemple, méditer sur la vie de Louis et Zélie Martin, parents de cinq filles dont Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, soulève l’âme et donne un grand élan avec leur intercession pour s’élancer sur la voie d’un amour conjugal et familial par nature missionnaire.

3 – Partage sur ce qui permet à un couple chrétien d’être disponible pour la mission

Cette disponibilité se manifeste notamment par :

  • La prière quotidienne avec la demande de l’Esprit Saint

Il n’est pas toujours facile de prier ensemble quand on se marie car on a des expériences différentes (pas au même niveau de foi, difficultés à prier personnellement…). Rien de fécond ne se produit sans la prière personnelle et conjugale voire familiale quand il y a des enfants.

Mille manières de se mettre à prier ensemble existent : il s’agit d’une décision commune de le faire vraiment, régulièrement. Cela peut être très court (cela peut consister en la récitation d’un « Notre Père » ou d’un « Je vous salue Marie ») mais ce qu’importe est la régularité.

Saint Paul VI dit dans son encyclique sur l’annonce de l’Évangile (« Evangelii nuntiandi ») du 8 décembre 1975 que « si on veut exercer une activité apostolique, le couple se met à prier sans cesse l’Esprit Saint ». L’Esprit Saint est l’agent principal de l’évangélisation ; Il donne la lumière, le discernement et la force.

  • Le désir brûlant que le Christ soit annoncé et accueilli

Le Seigneur exauce toujours le désir d’un couple de devenir missionnaire. Ce désir s’alimente et se ré-enflamme dans la prière et bien sûr dans la pratique sacramentelle, l’amour mutuel et le fait d’être ouvert aux autres : c’est ce qui s’appelle « demander le feu missionnaire ».

Dans un contact répété avec le Christ, si possible devant le Saint Sacrement, notre cœur devient peu à peu touché par la misère, le manque de Dieu autour de nous, par la souffrance. Ainsi, un désir se développe dans notre vie de couple, celui d’être ensemble une pierre en construction du Christ, une petite pierre joyeuse et aimante. Ainsi, beaucoup de couples découvrent peu à peu leur vocation de témoins de Jésus.

Il convient de citer l’exemple de Saint Louis et Zélie Martin. Zélie se consacrant à son entreprise et sa famille ne manque pas une occasion d’exercer la charité : Zélie a acheté la tenue de communiante d’une petite fille pauvre et l’a invitée avec sa mère au dîner familial. Louis a invité des inconnus à la table familiale avec générosité.

  • La communication vraie et loyale dans le couple

La communication loyale et simple incorpore le pardon mutuel. Comment pourrions-nous évangéliser, parler de Jésus à nos voisins de palier, à des inconnus, si l’on est en grief l’un avec l’autre ? La construction d’une maison conjugale durable nécessite la conversion et donc le pardon mutuel dans l’amour. Il convient aussi d’avoir au sein du couple des échanges sur nos compétences, nos charismes, nos faiblesses et surtout nos désirs d’être vraiment apôtre comme le demandait Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.

Au sein d’un couple, chacun a sa part de don et de charisme. Ces dons constituent une découverte extraordinaire pour le couple.

4 – Partage sur des manières d’évangéliser en couple pratiquées par Yves et Marie-Madeleine de Brunhoff

  • Les repas apostoliques

Ces repas apostoliques consistent en l’hospitalité à laquelle Saint Paul invite dans sa lettre aux Hébreux chapitre 13 (« N’oubliez pas l’hospitalité : elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges »).

Yves et Marie-Madeleine proposaient beaucoup de repas soit entre eux ou avec d’autres couples ou d’autres amis. Par ailleurs, ils souhaitaient inviter des gens un peu éloignés de la foi ou tièdes dans leur foi à qui ils voulaient parler du Seigneur. Le Seigneur bénit toujours cet élan missionnaire. Il est important de prier avant de faire cet acte, il faut être également à l’écoute de nos invités, les respecter, attendre le bon moment.

Yves et Marie-Madeleine ont expérimenté le « feu rouge », « feu vert » et « feu clignotant ». Parfois, il y a des refus, des obstacles, des griefs : on essaie alors d’écouter l’autre. Ce qui est important est donc d’être toujours à l’écoute et demander toujours l’humilité. Toute l’histoire de l’Eglise est marquée aussi par le refus de l’Évangile et par la croix. Le missionnaire peut donc avoir des difficultés dans la vie de la mission. Même si on n’est pas en situation de prosélytisme, le Christ est tout de même refusé par nos interlocuteurs et cela provoque la douleur du missionnaire.

Il convient de citer trois exemples d’expériences vécues par ce couple :

1. Les Brunhoff ont invité un soir des scientifiques qu’ils ne connaissaient pas très bien en remettant leur soirée à l’Esprit Saint ; ne connaissait pas leur position sur Dieu ; il n’y a eu aucune question de leur part. Ce couple a donc fait l’expérience du « feu rouge ».

2. Durant la période de Noel 2020, ils ont souhaité inviter des familles de leur hameau où se situe leur maison de campagne. Ils leur ont dit « On va se réunir devant la crèche ». Tout le monde a chanté et prié, certains ont même énoncé des intentions de prière. Il y a donc eu un « feu vert ».

3. Les Brunhoff ont invité pour un goûter beaucoup de voisins. Des gens qui semblaient coincés a priori ont finalement demandé de nombreuses intentions de prière.

  • Les missions de rue

Yves et Marie-Madeleine ont été entraînés à sortir dans les rues pour l’évangélisation avec les assemblées de prières du renouveau charismatique dans les années 1975. Ils ont par ailleurs été joyeux de sortir en périphérie. De même, le Pape François persiste à nous inviter à sortir.

En effet, notre monde a tant besoin du monde et de l’amour du Christ.

Dans les années 1980, une chanteuse d’opéra vivant au sixième étage d’un immeuble situé sur le territoire de la paroisse Saint Jean-Baptiste de Grenelle a entendu les chants de la mission de rue; elle est descendue de son immeuble, en larmes. Cette femme a vécu une conversion profonde puis un mariage catholique très fécond, après avoir été très touchée par une mission d’évangélisation proposée par la paroisse Saint Jean-Baptiste de Grenelle.

5 – Questions

– L’évangélisation dans le couple constitue-t-elle le meilleur moyen de se sanctifier dans le sacrement du mariage ? La sanctification se fait par la totalité du don de soi-même. D’autres manières que la pure évangélisation existent : des couples ne prennent pas la parole mais la qualité de leur accueil, de leur service, de leur capacité de consolation, le don qu’ils font aux autres leur permet d’être sanctifiés dans le sacrement de mariage.

Comment suivre les pas des saints époux dans notre société actuelle ? Les époux Martin avaient vraiment le cœur tourné vers les pauvres, les malheureux. Aujourd’hui, c’est à nous d’être inventif. Exemple d’évangélisation de Louis Martin : il voit un jour un mendiant sur le trottoir, prend son chapeau et fait tout le tour d’une gare en quêtant lui-même à la place du mendiant.

– Comment évangéliser ses enfants ? Yves de Brunhoff dirait que ce n’est pas un terme qu’on peut utiliser pour parler ; il s’agit de l’éducation, la transmission de la foi. Il s’agit plutôt de comment transmettre à ses enfants ce désir apostolique. Évangéliser ses enfants consiste à les introduire dans la mission.

– A quel âge êtes-vous devenu diacre ? Yves de Brunhoff a été ordonné diacre permanent à 38 ans, en 1990, par le cardinal Lustiger.

– Vous qui avez une grande expérience d’évangélisation, trouvez-vous globalement les gens respectifs et à l’écoute ? Yves de Brunhoff a rappelé la pauvreté. Les gens sont respectifs. Le corps de l’homme est totalement disponible. Dans les années 1970-1975 régnaient plein d’idéologies, beaucoup d’agressivité ; il fallait tout de même parler aux gens qui sont contre la religion. Il faut se rappeler du fait qu’il doit y avoir un dialogue, une rencontre humaine d’écoute.

– Comment le devoir d’évangélisation se traduit entre les époux ?

– Mon mari ne pratique pas et ne comprend pas mon besoin de la prière du chapelet. Il y a un an, j’ai reçu une grâce d’aimer Jésus par Marie. Dans nos couples, il peut y avoir l’un ou l’une des deux qui n’est pratiquant, qui n’est pas croyant, qui ne veut pas se bouger pour Jésus. Ce que nous essayons de vivre est de se respecter et de porter dans la prière le conjoint ou la conjointe qui ne vit pas cette foi, qui n’a pas encore fait cette rencontre personnelle de Jésus. Il ne faut pas faire violence à l’autre. L’évangélisation consiste en le respect, c’est Dieu qui touche les cœurs, ce n’est pas nous qui convainquons.

– Quand vous invitez des gens pour un repas, comment vous mettez-vous d’accord avec vos invités sur ce qu’il va se passer pendant cet échange, pendant ce repas ? Avec les invités que le couple de Brunhoff invite à faire binôme avec eux, il leur dit qu’il veut que ce diner soit apostolique ; pour les autres, c’est la grâce de la soirée qui est donnée ou non avec feu rouge, feu vert, feu clignotant. Mais à chaque fois, il y a eu très beaux moments de partage même si ceux-ci n’ont pas forcément porté sur la foi. Il faut retenir que l’Esprit Saint construit un évènement, nous aide réellement à être très très attentif à chaque mot, à chaque phrase, à chaque manière.

– Y a-t-il une grande diversité dans les profils qui viennent vous parler ? La diversité est énorme, beaucoup plus que dans les années 1970, 1980, 1990. Du côté de Beau

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